Le secteur du minage du bitcoin ( BTC ) traverse une période de turbulences majeures, où les chiffres s’affrontent et les logiques traditionnelles volent en éclats. Alors que la difficulté du réseau ne cesse de grimper, l’un des indicateurs clés de rentabilité des mineurs reste étonnamment figé. Une situation inattendue, presque contre-intuitive, qui fragilise les opérateurs historiques et annonce une redistribution brutale des cartes dans l'écosystème

Des revenus figés pour les mineurs de bitcoin malgré une difficulté en hausse

Alors que le bitcoin poursuit son chemin post-halving, le hashprice — le revenu quotidien généré par les mineurs pour chaque petahash/seconde déployé — s’est stabilisé autour de 48 $/PH/s, selon les données de CoinWarz. Cette stagnation intervient dans un contexte où la difficulté de minage a pourtant progressé de 1,4 %, atteignant 113 760 milliards au bloc 889 081 (contre 112 100 milliards précédemment). Une situation jugée préoccupante, notamment pour les mineurs opérant avec du matériel moins récent.

Selon TheMinerMag , « un hashprice en dessous de 50 $ place les mineurs utilisant des machines comme les Antminer S19 XP et S19 Pro dans une situation financière délicate ». En effet, ces appareils, plus anciens, deviennent difficilement rentables face à un environnement où les frais de transaction sur le réseau Bitcoin déclinent également. Résultat : certains opérateurs seraient contraints de couper leurs machines, dans l’attente de conditions plus favorables ou d’un éventuel renouvellement de leur parc ASIC.

Une industrie minée par les tensions économiques et géopolitiques

Au-delà des difficultés purement techniques ou liées à l’évolution du protocole Bitcoin, c’est l’ensemble de l’environnement macroéconomique et concurrentiel qui accentue la pression sur l’industrie du minage. D’après une analyse récente de JPMorgan, les sociétés de minage cotées en bourse ont enregistré une baisse moyenne de 22 % de leur capitalisation boursière en février 2025. Un recul qui s’explique notamment par la perte de revenus liée aux revenus, mais aussi par l’échec relatif de stratégies de diversification.

La situation est d’autant plus tendue que des menaces géopolitiques viennent noircir le tableau. La perspective d’un conflit commercial prolongé entre le Canada et les États-Unis, et notamment l’éventualité de tarifs douaniers sur les exportations d’énergie, inquiète fortement les opérateurs nord-américains. Pour certains mineurs de bitcoins, l’accès à une électricité bon marché est une condition de survie. Si ces tarifs venaient à se matérialiser, cela pourrait précipiter une vague de consolidations, voire de fermetures.

La stagnation du hashprice malgré l’augmentation de la difficulté de minage est le reflet d’un écosystème sous tension. Entre la vétusté du matériel , l’érosion des revenus, l’intensification de la concurrence et les risques géopolitiques, les mineurs évoluent sur une ligne de crête. Les mois à venir pourraient bien redistribuer les cartes, favorisant les acteurs les plus robustes et les plus innovants. Mais une chose est sûre : le minage de bitcoin n’a jamais été aussi impitoyable.