Une réserve stratégique de bitcoin aux États-Unis pourrait avoir un effet négatif sur l’industrie, car elle pourrait être utilisée comme un levier politique et même être liquidée si les démocrates remportent l’élection de 2028 et décident de vendre ces avoirs, selon un expert du secteur.

« Beaucoup de partisans des cryptos souhaitent que le gouvernement américain imprime des dollars pour acheter du bitcoin et constituer une réserve nationale […]. Mais selon moi, cette approche est erronée », a écrit Arthur Hayes, directeur des investissements de Maelstrom Fund, dans un blog publié le 6 février.

Hayes estime qu’un tel stock ne serait qu’un actif financier parmi d’autres, susceptible d’être acheté et vendu au gré des décisions politiques.

« Il suffirait d’une simple signature sur un document pour mettre en vente un million de bitcoins stockés dans cette réserve », a-t-il expliqué.

Détenir une réserve de bitcoin ( BTC ) ou une « réserve nationale de shitcoins » ferait ainsi de ces actifs une « arme politique puissante » pour le gouvernement américain, a-t-il ajouté.

Arthur Hayes, ancien cofondateur de l'exchange BitMEX, reconnaît qu’une telle initiative ferait initialement bondir le prix du bitcoin. Cependant, il affirme que les décisions d’achat ou de vente seraient avant tout motivées par des considérations politiques, plutôt que financières.

Si Donald Trump ne parvient pas à freiner l’inflation, à stopper les conflits et à résoudre la crise alimentaire d’ici 2026, les démocrates pourraient regagner du terrain, obtenir une majorité à la Chambre des représentants et même « punir » les investisseurs crypto ayant soutenu l’ex-président lors de l’élection de 2024, estime Hayes.

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Source: Arthur Hayes

D’autres experts se montrent plus optimistes quant à l’idée d’une réserve nationale de bitcoin.

La société de gestion d’actifs VanEck prévoit qu’un tel stock pourrait réduire la dette nationale des États-Unis de 35 % d’ici 2049. De son côté, Michael Saylor, président exécutif de MicroStrategy, pense qu’il renforcerait le dollar américain et permettrait aux États-Unis de s’imposer dans « l’économie numérique du XXIe siècle ».

Hayes reconnaît qu'en théorie, le bitcoin constituerait un meilleur actif de réserve que la plupart des autres cryptos, mettant en avant son code immuable, son accessibilité sans permission et son statut de « forme d’énergie monétaire la plus pure jamais imaginée par l’humanité ».

L’idée d’une réserve de bitcoin a gagné du terrain lorsque Donald Trump a annoncé la création d’un fonds souverain . La sénatrice Cynthia Lummis, qui a déposé un projet de loi sur cette réserve , a qualifié cette initiative de « ₿ig deal ».

Pour l’instant, l’administration Trump étudie toujours la possibilité de mettre en place une telle réserve stratégique.

Sur les plateformes de marchés prédictifs, Polymarket  et  Kalshi estiment respectivement à 46 % et 58 % les chances qu’une réserve nationale de bitcoin voie le jour d’ici 2025.

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Probabilités que les États-Unis créent une réserve de bitcoins en 2025. Source: Polymarket

Fin 2023, Arthur Hayes s’était déjà fermement opposé aux fonds négociés en bourse (ETF) adossés au bitcoin, avant leur approbation en janvier 2024. Il avait averti qu’ils pourraient « détruire complètement » Bitcoin en réduisant drastiquement la liquidité sur le marché, ce qui inciterait les mineurs à arrêter leurs opérations. Il avait notamment déclaré :

« À terme, les mineurs éteindraient leurs machines, incapables de couvrir leurs coûts énergétiques. Sans mineurs, le réseau s’effondrerait et Bitcoin disparaîtrait »